La familia grande – Camille Kouchner

Vous avez sans doute entendu parler de ce livre, écrit par Camille Kouchner, fille de l’écrivaine et politologue Evelyne Pisier et du médecin et homme politique Bernard Kouchner. Elle y révèle l’inceste commis par son beau-père Olivier Duhamel sur son frère jumeau. C’est ce que les médias ont retenu du livre, mais elle y raconte aussi et surtout son enfance, elle y dresse un portrait de sa mère et des femmes de sa vie.

C’est en entendant Camille Kouchner à La grande librairie que j’ai eu envie de lire « La familia grande ». Immense courage que celui de prendre la parole face caméra et dire, la voix un peu tremblotante mais qui ne faiblit jamais, tant de choses si vraies sur la violence intrafamiliale, sur les mécanismes à l’œuvre pour appliquer le sceau du secret sur les agressions sexuelles, sur la complaisance – pour ne pas dire complicité – des adultes, sur la nécessité que le silence change de camp (son frère et elle ont du subir 30 ans de silence, alors maintenant que ce soit à l’agresseur, personnage en plus médiatisé qui a pu bénéficier en toute impunité d’une vie entière de domination et de pouvoir, de se taire un peu), sur la nécessité aussi de dire les mots justes (« mal nommer c’est ajouter au malheur du monde » comme dirait Albert Camus).

Dans « La familia grande », ce qui m’a le plus intéressé c’est ce que Camille Kouchner raconte de sa mère, de sa tante (Marie-France Pisier) et de sa grand-mère, des femmes « puissantes » qui incarnent la liberté :

Je dois tout faire toute seule, mais je sais que rien n’est laissé au hasard. Ma mère ne m’emmène pas au cinéma, ni au théâtre, mais se réjouit quand j’y vais. Elle me trouve ridicule de vouloir faire de la danse et du piano mais chérit l’idée que je trouve, sans l’aide de personne, des choses qui me passionnent. Nous sommes un duo et nous sommes chacune. Nulle ne doit imposer à l’autre sa vision du monde. Elle hait le patriarcat, les principes qui ne sont que des manières. Elle nous apprend à déceler les fausses intentions, la superficialité. Elle aime la politesse à condition qu’elle soit empreinte de générosité.

Pour moi, c’est un livre important et beau qui décrit avec beaucoup de finesse l’enfance et ce qui s’y joue. Je regrette juste que le livre « survole » parfois certaines choses, ou les élude, ou les atténue, ou évite de les aborder, c’est difficile à dire, mais en le refermant on a le sentiment d’être resté un peu en surface.

La familia grande est sorti le 7 janvier 2021 chez Seuil.

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