J’ai mis du temps à le lire, du coup je me suis sentie un peu « à rebours » quand j’ai ouvert cet été le Prix Goncourt 2018… En réalité ce fut un vrai plaisir de lire un roman avec un tel succès quand plus personne n’en parlait!
Le livre suit Antony, sur une période de 6 ans (de ses 14 ans à ses 20 ans, une vie adolescente!) : le garçon habite « Heillange », petite cité postindustrielle située en Moselle (dont le nom est sûrement inspiré de « Hayange »). Chaque chapitre raconte l’été d’une année : 1992, 1994, 1996, 1998.
Après un premier roman noir, « Aux animaux la guerre », Nicolas Mathieu ne renonce pas au genre, puisque l’intrigue se fonde principalement sur une histoire de moto volée (Antony la prend un soir pour se rendre à une fête sans demander l’autorisation à son père qui en est le propriétaire, Hacine, qui fait une apparition à la fête, la vole). Un acte aux multiples répercussions, qui scelle les destins.
À travers cette histoire, Nicolas Mathieu nous parle en réalité de l’ennui qui gagne tout, du désir amoureux et des premières expériences sexuelles, de la liberté qu’on éprouve à conduire des cylindrées sur des routes désertes et de la violence d’un père…
Le monde ouvrier qui s’effondre, sans vacarme, sert de décor à ce qui se joue en premier plan : la construction d’un homme. Que se passe-t-il quand on hérite de ce qui disparaît ? C’est bien à la génération « d’après » que Nicolas Mathieu s’intéresse, d’où ce magnifique titre, tiré de l’Ancien Testament :
Il en est dont il n’y a plus de souvenir,
Ils ont péri comme s’ils n’avaient jamais existé ;
Ils sont devenus comme s’ils n’étaient jamais nés,
Et, de même, leurs enfants après eux
Le roman se termine durant la Coupe du monde 1998, illusion d’un monde nouveau où les différences s’estompent, et où l’historique se lie à l’intime.
En somme un très beau roman, d’une simplicité et d’une beauté bouleversantes, qui nous rappelle ce qui fonde le passage de l’enfance au monde adulte.
« Leurs enfants après eux » est sorti le 22 août 2018 aux Editions Actes Sud.
Coucou Julie !
C’est marrant parce que pour ma part je suis complètement passée à côté de l’intérêt de ce livre. J’en avais entendu tellement de bien, et pourtant je me suis hissée péniblement jusqu’au 2/3, et j’ai lâché l’affaire vu le peu d’entrain que je mettais à y revenir. Je ne viens pas de ce monde ouvrier qui semble être la toile de fond du livre, pourtant la ville, les intrigues et les scènes m’ont semblées décrire assez bien la vie dans ma ville de banlieue parisienne pendant mes années collège. L’ennui, les embrouilles, les histoires de moto (ou autres choses) volées, les petits jobs, etc… Je n’ai pas compris l’intérêt du livre, j’ai ressenti autant d’ennui à le lire qu’à vivre cette expérience. Je me suis même demandée si les excellentes critiques de ce livre n’émanaient pas d’une élite littéraire parisienne fascinée par une espèce d’exotisme ouvrier. Vraiment, je n’ai pas compris. Bien sûr, je me suis interrogée sur le manque de représentation de ces expériences de vie dans la littérature, et je me dis qu’il en faut, évidemment. Mais pourquoi celui-ci rencontre-t-il un tel succès ? Mystère.
Merci en tout cas de tes articles, que j’ai plaisir à recevoir en newsletter, et qui me donnent parfois envie de découvrir un ouvrage, ou qui me font découvrir une autre perspective à propos d’un ouvrage que j’ai lu (ou essayé de lire).
Bises,
Alexandra
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