Sacrées sorcières – Pénélope Bagieu

Pénélope Bagieu adapte ici en bande-dessinée le roman « The witches » de Roald Dahl (traduit en français sous le titre « Sacrées sorcières » – saluons au passage cette traduction de titre géniale) publié en 1983.

Comme beaucoup d’autres, Roald Dahl a construit une grande part de mon imaginaire étant enfant et il fait indéniablement partie des écrivains qui m’accompagnent dans l’existence. Évidemment avec ses romans jeunesse, « Matilda », « Charlie et la chocolaterie », « James et la grosse pêche », « Le Bon Gros Géant »… etc. Mais également avec « Kiss Kiss » un recueil de nouvelles paru en 1960, dans lequel figure « Parson’s Pleasure » (« Un beau dimanche ») qu’il faut absolument lire – selon moi! – pour saisir tout le génie littéraire et le fantastique humour noir de Roald Dahl.

Quant à Pénélope Bagieu, je ne la présente pas, mais elle fait également partie des autrices que j’aime beaucoup, pour son travail et ses prises de paroles, et sans surprise l’adaptation en bande-dessinée du roman de Roald Dahl est donc une pure réussite, un régal à plus d’un titre!

Rappelons que « Sacrées sorcières » raconte l’histoire d’un petit garçon qui vit avec sa mamie suite à la mort de ses parents. Sa mamie lui raconte que les sorcières existent vraiment, qu’elles détestent les enfants, mais qu’elles ne prennent pas l’apparence qu’on imagine habituellement : elles n’ont pas de chapeau pointu, de verrue, de balai ou de robe noire, non ce sont des êtres qui prennent l’apparence de femmes mais derrière qui se cachent en réalité tout autre chose… En 1983, Roald Dahl modifiait déjà notre représentation des sorcières pour nous dire qu’en fait, non, les sorcières ne sont pas des femmes!

Ce que je trouve fantastique dans cette adaptation, c’est cette faculté de Pénélope Bagieu de nous faire revivre par le dessin les fortes émotions provoquées par le roman : la compassion, la surprise et le choc d’apprendre l’existence réelle des sorcières, l’effroi absolu et la peur lors du congrès des sorcières, puis l’appel de l’aventure et des péripéties avant le soulagement… Un soulagement certes, bien que ni Roald Dalh ni Pénélope Bagieu ne proposent une fin édulcorée, « deus ex machina », où l’on verrait les personnages revenir à leur état de départ.

Et bien sûr une émotion parcourt toute la BD : le rire, à travers ce personnage génial de la mamie qui se moque bien du qu’en dira-t-on, personnage flamboyant et politiquement incorrect, loufoque et pourtant plein d’affection pour son petit-fils, qu’elle appelle tour à tour « mon puceron », « mon poussin »…

Au-delà des émotions suscitées, je trouve que ce qui est absolument génial dans « Sacrées sorcières », que ce soit le roman ou la BD, c’est à quel point cette histoire s’adresse aux enfants comme des personnes, qui auront sûrement à vivre des difficultés, de réels dangers dans leurs vies, duquel ils ne sortiront pas indemnes. Sans pour autant tomber dans le sarcasme ou le pathos, c’est pas fort ça ? Pouvoir dire aux enfants : oui les méchants existent, non ce ne sont pas des histoires, oui il faut être courageux et oui le courage vient aussi de l’amour familial inextinguible !

Bande-dessinée à la fois respectueuse du roman et plein d’invention – avec un clin d’oeil dans certaines cases à l’essai « Sorcières » de Mona Chollet lorsque Pénélope Bagieu revient sur les chasses aux sorcières – la BD « Sacrées sorcières » vaut donc, vous l’aurez compris, mille fois le détour!

Sacrées sorcières est sorti le 29 janvier chez Gallimard.

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